Vol et diffusion de photos intimes. Comment j’ai réagi ?

Je viens d’être victime du vol et de la diffusion de photos intimes et personnelles sur mon téléphone. Aïe.

Ce lundi un ami m’appelle : “Euh salut Camille, écoute c’est quoi le mail que j’ai reçu avec une photos de toi ? – Bah je sais pas de quelle photo tu parles ? – Une photo de toi top less envoyé par quelqu’un que je ne connais pas. – Hum euh ok, t’es sur que c’est moi ? envoi moi ça […] Oh putain.” Puis panique.

Pourquoi j’en parle ?

Le premier réflexe des personnes victimes de ce type (harcèlement virtuel ou cyber-harcèlement, ou atteinte au droit à l’image et à la vie privée selon le cas, ici les limites sont fines) est de le cacher, le garder pour soi et essayer de se dépatouiller pour que ça ne se sache pas. Jusqu’à ce que ça leur pète à la gueule la plupart du temps.

J’en parle donc pour informer, pour dédramatiser et encourager les gens à sortir du silence et la solitude qui nous tombent dessus à ce moment là.

J’en ai parlé à mes proches dès lundi quand j’ai appris la nouvelle, communiqué sur mon profil Facebook, tout ça parce que je n’ai pas honte et aussi pour que les personnes susceptibles de recevoir dans leur boîte mail une photo personnelle de moi puissent comprendre et savoir qu’ils risquent de voir des trucs qui vont pas leur plaire. Bref j’anticipe la merde. Car oui, ma grand mère, mon frère, mon patron ou même mes amis ont le droit aussi de ne pas avoir envie de voir mes tétons. Pas parce que cette photo de moi existe, mais bien parce qu’ils s’agit de la plus stricte intimité.

J’en ai parlé aussi car on ne va pas se le mentir, ce type de piratage et de diffusions sur internet est un fléau.

J’en parle maintenant car beaucoup de personnes ont ce type de photos d’eux ou de leur couple, que ça me semble plutôt normal (ou en tout cas pas anormal) mais qu’aujourd’hui encore ça semble tabou au point de détruire des vies.

Parce que ça me rend dingue de toujours pas comprendre comment ces putains de photos ont quitté mon téléphone alors qu’il y en avait plusieurs et qu’elles n’ont jamais quitté mon téléphone, jamais été mises sur mon iCloud, jamais été envoyées ni rien… Dingue de voir que, comme le dit si bien les anciens “on ne peut pas faire confiance à ces technologies là” (avec le bel accent de vieux).

Comment j’ai réagit

Etape 1 : entre AVC et crise d’hystérie 

Tête qui tourne, hausse de ma température corporelle, respiration saccadée, cents pas, impossibilité de construire des phrases cohérentes. J’ai l’impression que je fais un AVC mais en fait je panique. Je reçois la capture écran de mon ami qui m’envoi le mail et la pièce jointe qu’il a reçu. Aucun doute c’est bien moi. Panique donc. Ca dure quelques minutes. Puis je me ressaisis.

J’étais tellement dingue que la nuit suivante j’ai rêvé qu’on me rentrait dedans en voiture. Le parallèle n’est pas difficile à saisir : agression. La réaction que j’ai eu dans mon rêve à ce moment là après avoir “repris mes esprits” ? Je suis sortie et j’ai pété la gueule à cette pétasse en grosse voiture. Car oui il faut se défendre et réagir. Ainsi il faut faire quelque chose et péter la gueule à ces gens qui abusent de leur connaissances (ici technologiques) pour nuire à d’autres pour leur simple plaisir.

Etape 2 : incompréhension

Les deux grands mots de l’histoire :

COMMENT ? Pour vous expliquer, la photo que me montre mon pote est une photo qui n’a jamais, Ô grand jamais quitté mon foutu iPhone. Elle fait parti d’une série que j’avais faite dans l’espoir d’en réussir une potable. Il y en a donc eu une d’envoyée à mon mec, mais pas de celles ci. Truc de ouf, une meuf qui envoie une photo sexy a son mec. Un truc tellement tabou qu’en écrivant ces mots j’ai l’impression d’avouer un meurtre et pourtant tellement commun ! Bref. Aucun envoi sms, réseau sociaux ou mails. Aucune sauvegarde iCloud. Aucune diffusion, le grand rien. Pourtant je l’ai devant ces yeux et depuis lundi, le mystère demeure. La grande frustration. Les flics eux mêmes m’ont expliqué qu’il sera impossible de remonter plus haut.

QUI ? En dehors de : qui est le connard qui a réussi une prouesse pareille ; la grande question est : qui donc a pu recevoir ce mail, ou d’autres photos.. Bref qui est susceptible de recevoir et tomber sur une photo sexy de moi. Et bien, n’en avoir aucune idée est bien l’une des sensation les plus désagréable que j’ai expérimenté. Et il est absolument impossible de savoir si mon pote est le seul a l’avoir reçu. Ou si d’autres mails ne vont pas arriver plus tard. Lesquels de mes proches vont entrer ainsi dans mon intimité sans que ni eux, ni moi, n’aient rien demandé.

Etape 3 : haine

Que dire de plus que HAINE ? Je pense que ça résume tout. Comme le dit Terry Mark “La haine naît de l’incompréhension”. Haine envers mon impuissance et envers la personne capable d’une telle intrusion dans mon intimité.

Etape 4 : TANT PIS !

Et bien voilà. Je relativise, ou plutôt je fais avec. Je n’ai aucun problème avec mon corps, aucun problème avec ce que j’ai fait. C’est juste dommage de finir dans ce type de situation gênante mais sinon quoi ? Ben en fait rien. L’expression “il n’y a pas mort d’homme” prend tout son sens dans la situation actuelle. Et surtout si je dois avoir honte d’être épanouie dans mon couple… C’est que le monde court à sa perte.

Que faire si tu es victime de ce type d’agression, de harcèlement virtuel ou d’atteinte à la vie privée

Peu importe ton âge la première chose à faire est de déposer plainte dans un commissariat de police ou une gendarmerie -ou comme moi, une main courante comme impossible de savoir qui c’est et qu’aucun tribunal n’acceptera de dépenser une fortune pour un si petit préjudice- . Que tu connaisses ou non l’agresseur. J’insiste sur le fait que tu es une victime. Aucune honte à avoir, mais surtout aucune justification ne sont à donner ! La liberté tu connais ? Et bien la voilà. Si on y a droit c’est bien pour pouvoir en bénéficier dans de tels moments. Et si quelqu’un essai de s’en servir contre toi ? Et bien tu n’en as rien à faire puisque tu n’as pas honte et tu es droit dans tes bottes.
Petite recommandation : il doit y avoir plusieurs commissariat de police ou de gendarmerie. Assure toi qu’on te prenne au sérieux et que tu te sentes écouté. Ca n’a pas été le cas lundi soir, j’ai donc patienté cette après midi pour aller ailleurs et j’ai pu ainsi être prise au sérieux et tomber sur des gens compréhensifs et ouverts.

Dans la mesure du possible essaie de ne pas trop paniquer et ne fais pas de bêtise ! Sors respirer un bon coups et calme toi.

N’ai pas honte d’aimer ton corps ! C’est si merveilleux qu’il n’est pas normal de devoir douter de toi à cause d’une personne mal intentionnée. Aimes-toi, n’aies pas honte et cries le sur tout les toits. En plus tu verras, bizarrement ce passage à vide passera beaucoup mieux et tu cloueras le bec à tout le monde.

Et surtout, mon plus fort conseil : Parles en à quelqu’un. Moi j’ai direct appelé ma mère et mon mec. Tu peux aussi aller vers ton meilleur ami ou encore ta marraine. Le tout est de trouver quelqu’un qui t’aime et te respecte sans aucun jugement puéril (oui, il faut les fuir les gens puérils dans ces moments là). Déjà parce qu’en parler te permettra de comprendre qu’il n’y a pas mort d’homme. Aussi parce que ça t’évitera de t’isoler, que cette personne aura peut être le recul et pourra te donner des conseils ou simplement faire le plus important : t’écouter.

Même si les gens ont tendance à être plus durs avec les femmes en général je n’ai qu’une chose à dire : Homme ou femme, même combat.

Dans le cas où il s’agit de pur harcèlement, ou encore de chantage, je te recommande d’aller sur le site du gouvernement.
S’il s’agit plus, comme ici, de vol et diffusion il s’agit d’atteinte au droit à l’image et à la vie privée, il y a également une page dédiée.

Que faire si un proche à toi est victime de ce type d’agression, de harcèlement virtuel ou d’atteinte à la vie privée

A la découverte de ce nouveau problème qui s’imposait à moi j’ai tout de suite réagi. Les 4 étapes que j’ai évoquées juste avant se sont enchaînés en l’espace d’une soirée seulement. J’ai ainsi directement posté un message sur Facebook pour anticiper le pire et prévenir mes proches de la situation pour me blinder au maximum.

J’ai eu l’immense étonnement de n’avoir que… 2 amis qui m’ont contacté pour voir si tout allait bien et si j’avais besoin de parler. Non pas que c’eu été mon objectif à travers ce post, mais bien à but informatif, j’ai été assez étonnée de n’avoir aucune inquiétude de membres de ma famille ou plus proches amis.

Les gens me disent toujours que je n’ai pas besoin de soutien de manière générale ni de réconfort, parce que je suis “quelqu’un de fort”. Et ils ont raison, je suis plutôt forte. Je pense même avoir été plutôt forte jusque maintenant pour contenir mes émotions et rester pragmatique. Pourtant avoir l’impression d’être soutenue d’ans un moment aussi compliqué m’aurait énormément aidé. Peut être ces silences étaient de la gêne ? Je ne sais pas. A vrai dire je ne cherche pas à en trouver une cause.

Mais si un jour un proche à toi est victime de ce type de problème. D’agression de sa vie privée, de harcèlement, de diffusion de données personnelles… Bref, quand quelqu’un que tu connais es dans la merde : met ta gêne ou tes jugements de côté et assure toi qu’elle aille bien. Parce que les gens “forts” ne le sont pas h24 et parfois moins que ceux qui se plaignent beaucoup. Et parce que les gens “moins forts” peuvent tout simplement finir brisés par ce type d’emmerdes. Je pense qu’on le voit assez régulièrement dans l’actualité.

La morale

Chez les jeunes 

Tu as 16 ans, en pleine découverte de ta sexualité. Comme tous les autres tu as ton téléphone constamment avec toi et dans ton école il y a ce garçon ou cette fille qui te fait tourner la tête. Ou simplement toi aussi tu veux avoir des clichés de toi et les garder comme ces personnes qui ont l’air de vivre leur corps à fond. Là tu te laisses emporter. Dans l’ambiance des SMS tu hésites à prendre une photo. Tu te dis “pourquoi pas”. Dans cette situation il serait très bête que je te dises “NON, ne le fais pas. Non, tu ne peux pas lui faire confiance, même s’il est gentil. Non, tu ne peux pas avoir confiance en la technologie non plus”. Car on sait très bien que de nos jours ça ne se passe pas comme ça et tu répondrais par un unique regard blasé vers le ciel avant de le faire quand même.

Donc pour toi je n’ai qu’un conseil à te donner : tu ne peux avoir confiance les yeux fermés pour ce type de secret ou image te concernant. Ni en l’autre personne, ni en ton téléphone (la preuve). Mais tu peux faire le choix de faire ces petites bêtises et t’éclater quand même. Mais surtout avant d’appuyer sur le déclencheur de ton téléphone pose toi cette unique question :
Puisqu’il y a un risque, même infime, que cette photo finisse par fuiter ; Serais-tu capable à ce moment là de les assumer, mais surtout de réussir à faire avec si une partie ou tous tes proches finissaient avec cette photo dans leur boite mail ?
Alors tu sauras si oui ou non tu peux prendre cette photo, pour toi même ou pour quelqu’un d’autre.
Pour la petite histoire une personne de mon lycée à l’époque s’était masturbé devant sa webcam. Triste nouvelle pour lui, la personne en qui il pensait faire confiance a pris une capture et l’a balancé à la moitié du lycée. Je ne sais pas s’il a fini par être au courant mais les conséquences peuvent simplement être terribles.

Chez les adultes

J’étais un peu éméchée quand j’ai pris ces photos et j’essayais d’en avoir une plutôt correcte pour l’envoyer à mon conjoint en déplacement à 1500km de moi. Il y en a donc des ridicules, des mignonnes, des carrément sexys. Enfin c’est ce que je trouve^^. J’en ai faite plein pour réussir à trouver CELLE qui me plairait pour taquiner mon chéri à distance. Sur le grand nombre d’essais infructueux il n’en a eu droit à qu’une, et pourtant c’en est une autre, qui est restée sagement dans mon téléphone et à l’abri d’envoi ou d’internet, qui a été dévoilée (donc retour à l’incompréhension technique). Et tu sais quoi ? J’ai supprimé ces photos pour faire de la place sur mon téléphone il y a une semaine ; mais je n’aurai pas du ! Car ces photos je les aimais bien et je n’ai pas peur de le dire. Même les ridicules, même celles où l’on comprend que j’avais surement bu un verre de trop. Car ce sont des photos qui ont de la joie de vivre. Je me marrais toute seule en les prenant tellement c’était débile et en même temps rigolo. Donc je n’en ai pas honte.

Ainsi si toi aussi tu prends plaisir à prendre des photos de toi (juste une fois ou même régulièrement tiens !). Que tu aimes ton corps et que tu oses le crier haut et fort. Que tu emmerdes les connards haut et fort aussi. Si tu es dans ce cas là je te dirais simplement : NE TE RETIENS PAS !

LE HARCÈLEMENT VIRTUEL PARLONS-EN

Je t’encourage vivement à partager cet article de mon blog. Habituellement je n’ai aucun objectif de vues, de diffusion ni rien. Ici ce n’est qu’un terrain de jeu, de plaisir et d’expression pour moi.
Si je demande à chacun d’entre vous de le partager aujourd’hui c’est parce que le sujet est important et il faut que les gens se rendent compte des tenants de ce phénomène grandissant.

Peut être que ça aidera quelqu’un, peut être que ça permettra une prise de conscience ou une ouverture d’esprit sur ce thème si important.
Donc si ça a la moindre chance d’aider ne serais-ce qu’une personne : PARTAGE ! A ta soeur, à ton frère, à ton pote, à ta mère, à tes cousins, à une personne dans cette situation. Diffuse ce message au maximum : n’aie pas peur d’aimer ton corps.

As-tu déjà été victime de ce type de vol, diffusion ou harcèlement virtuel ? Sinon, quel est ton opinion sur ce problème ?

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